dimanche 16 octobre 2016

Le dernier chant-poème de Léonard Cohen



Le dernier chant-poème de

Léonard Cohen







Il introduit l’album qui sortira le 21 octobre 2016.

Juste un chef-d’œuvre…

Ce chant-poème s’intitule You want it darker.

C’est une sorte étrange de dialogue avec Yahwé, my Lord (I’m ready), avec la collaboration du chantre de Montréal Gideon Zelermyer ainsi que du chœur de la synagogue de la Congrégation Shaar Hashomayim ; des voix qui évoquent un chant familier de la jeunesse de Cohen.

Pour l’instant, je l’écoute en boucle.

Mon fils aussi, avec ses deux amies, l’une de culture juive ; l’autre, arabe.




Un chant qui me touche au plus intime de l'âme.

If you are the dealer, I'm out of the game
If you are the healer, it means I'm broken and lame
If thine is the glory then mine must be the shame
You want it darker
We kill the flame
Magnified, sanctified, be thy holy name
Vilified, crucified, in the human frame
A million candles burning for the help that never came
You want it darker
Hineni, hineni
I'm ready, my lord
There's a lover in the story
But the story's still the same
There's a lullaby for suffering
And a paradox to blame
But it's written in the scriptures
And it's not some idle claim
You want it darker
We kill the flame
They're lining up the prisoners
And the guards are taking aim
I struggled with some demons
They were middle class and tame
I didn't know I had permission to murder and to maim
You want it darker
Hineni, hineni
I'm ready, my lord
Magnified, sanctified, be thy holy name
Vilified, crucified, in the human frame
A million candles burning for the love that never came
You want it darker
We kill the flame
If you are the dealer, let me out of the game
If you are the healer, I'm broken and lame
If thine is the glory, mine must be the shame
You want it darker
Hineni, hineni (1)
Hineni, hineni
I'm ready, my lord
Hineni
Hineni, hineni
Hineni

_______________________________________________

 (1) : Hineni (הִנֵּֽנִי) est un terme hébreu qui signifie « Je suis là » ou  « Me voici » et qui rappelle  le « Hineni » d’Abraham à l’ange de Yahvé qui vient lui l’enjoindre à ne pas sacrifier son fils Isaac.

Il y a un ton de testament dans le chant de Cohen ; « Hineni, hineni, I’m ready, my Lord » : « Me voici, me voici. Je suis prêt mon Seigneur. » 
Il y a une rumeur, confie le chanteur Gideon Zelermyer, selon laquelle Cohen serait gravement malade... 





13 commentaires:

  1. Du coup, j'ai écouté cette version : https://www.youtube.com/watch?v=xejva1SMP4E

    L'académie Nobel aurait associé Léonard Cohen à Bob Dylan : c'eût été le pied !

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    1. Merci Bruno d'être passé. Je préfère de beaucoup la version originale.
      J'ai pensé la même chose que toi pour le prix Nobel de littérature !

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  2. J'ai terminé "Ma part de Gaulois" de Magyd Cherfi ; suis plongé dans "Dieu n'habite pas La Havane" de Yasmina Khadra et il me tarde de lire "Judas" d'Amos Oz. C'est ta traduction des termes hébreux qui me rappelle cela.
    Pour ce que tu comprends, nous attendons des nouvelles (bonnes).

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  3. Le Monde (mardi 18 octobre)

    Leonard Cohen, avant la nuit
    Rencontre avec le chanteur canadien et son fils, Adam Cohen, producteur d'un nouvel album crépusculaire, "  You Want It Darker"

    Remettre le prix Nobel à Bob Dylan, c'est comme épingler la médaille de la plus grande montagne sur le mont Everest. " Devant la soixantaine de journalistes venus, le 13  octobre, assister au lancement de son nouvel album, You Want It Darker, dans la résidence officielle du Canada, à Los Angeles (Californie), Leonard Cohen souligne l'évidence de la récompense reçue le même jour par celui qui lui avait un jour confié : " En ce qui me concerne, Leonard, tu es le numéro  un. Et je suis le numéro  zéro. "
    " A l'époque, j'avais interprété cela comme une façon de me dire – et je n'allais pas le contredire – que son travail était au-delà de toute évaluation, et que le mien était assez bon ", se souvient aujourd'hui le Canadien dans un article que lui consacre le magazine The  New  Yorker du 17  octobre.
    Si un chanteur avait pu disputer la distinction suédoise à Robert Zimmerman, c'est bien son confrère montréalais. Comme celui avec qui il partage de nombreux points communs (judaïsme, goût des références bibliques, débuts discographiques parrainés par le directeur artistique John Hammond…), Cohen fut un des premiers à donner une ambition poétique à  la chanson populaire anglo-saxonne moderne.
    Encouragé par le succès de Dylan pour entreprendre une carrière musicale, le Canadien avait mûri son écriture, publié des poèmes et des romans loués par la critique avant l'émergence de l'Américain. Ce qui fit un jour dire au poète Allen Ginsberg : " Dylan époustoufla tout le monde, sauf Leonard. "
    L'amitié et l'admiration sont en fait réciproques, comme le prouvent à nouveau les réponses – aussi enthousiastes que détaillées – de Bob Dylan aux questions du New Yorker, au sujet de l'œuvre de son aîné de sept ans. " Ce sont toutes de grandes chansons, confie-t-il entre autres. -Profondes, authentiques, multidimensionnelles, étonnamment mélodiques, et qui vous font penser et réfléchir. J'aime même encore plus certaines de ces dernières chansons que les premières. "
    380  concerts de 2008 à 2013
    La longévité est en effet une autre de leurs qualités partagées. Mais si Dylan n'en finit pas de jouer en public, comme le prouvaient encore ces performances des 7 et 14  octobre, en première partie des Rolling Stones, à Indio (Californie), Leonard Cohen n'a désormais plus la force de monter sur scène.
    Après une tournée qui, de 2008 à 2013, l'a vu triompher, dans le monde entier, lors de 380  concerts (approchant souvent les quatre heures de show), lui permettant de renflouer ses caisses – vidées par une manageuse indélicate – et de combler ses admirateurs, le prince des pessimistes a été rattrapé par la maladie. " Je ne crois pas qu'on le reverra un jour sur scène, nous confiait, le 13  octobre, son avocat-manageur Robert Kory. Ne serait-ce qu'en raison de son perfectionnisme. "
    Trop fatigué pour reprendre la route, le chanteur est encore assez vaillant pour produire un album aussi remarquable que You Want It Darker. Il trouve aussi l'énergie pour venir le présenter. Après l'écoute collective de ce nouveau disque, le parterre de journalistes se lève pour applaudir l'entrée de l'artiste de 82 ans, au chapeau et élégant costume sombres, mais à la frêle silhouette et au pas lent aidé par une canne.
    questionnements existentiels et divins (" I'm ready, Lord "). Certes, la plupart de ses obsessions apparaissaient dès ses premières chansons, au milieu des années 1960. Mais jamais Cohen n'avait contemplé la mort d'aussi près, ni chuchoté avec elle aussi intimement.
    À suivre (commentaires suivants)
    Stéphane Davet
    © Le Monde

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  4. Le Monde (suite 1)

    Dans le salon de la demeure canadienne, située dans une des parties les plus chics de Beverly Hills, l'icône de la ballade intimiste s'assied auprès de son fils, Adam Cohen, pour répondre à quelques questions d'un animateur et de médias. La main tremble un peu, le souffle est court. Et on ne peut s'empêcher de penser à la lettre bouleversante qu'il avait envoyé à son ancienne muse, Marianne Ihlen (celle de So Long, Marianne), quelques jours avant le cancer n'emporte son amoureuse de l'île d'Hydra, le 29 juillet dernier : " Le temps est venu où nous sommes si vieux, où nos corps s'affaissent, et je pense que je vais te suivre très prochainement… "
    Pétri de classe et d'humour, le chantre de la gravité badine pour rassurer. " J'ai dit récemment que j'étais prêt à mourir. Je crois que j'exagérais. On est parfois porté à la dramatisation. J'ai l'intention de vivre pour toujours. " Difficile pourtant de nier que les chansons de You Want It Darker multiplient les références à la mort (" I'm leaving the table/I'm out of the game "), au renoncement charnel (" I don't need a lover, so blow out the flame "), aux questionnements existentiels et divins (" I'm ready, Lord "). Certes, la plupart de ses obsessions apparaissaient dès ses premières chansons, au milieu des années 1960. Mais jamais Cohen n'avait contemplé la mort d'aussi près, ni chuchoté avec elle aussi intimement.
    Parmi les signes indiquant un album pouvant boucler un parcours, la façon dont le poète a  fait appel, dans la chanson-titre, au chantre et au chœur de la synagogue Shaar Hashomayim, celle de sa famille et de son enfance à Montréal. La façon aussi dont, pour la première fois, Leonard a fait appel à son fils pour coréaliser cet album.
    Auteur-compositeur-interprète de 44 ans, Adam Cohen a connu les aléas d'un " fils de " dont l'indéniable talent a souffert des comparaisons avec son génie de père. L'admiration semble totalement éclipser la rancune chez ce garçon dont le physique est à l'exact croisement du charme ténébreux du papa et de la brune beauté de la maman, Suzanne Elrod, avec qui Leonard vécut l'essentiel des années 1970.
    " C'est comme si toute ma vie m'avait préparé à travailler sur ce disque, nous confirmait, dans un français parfait, Adam Cohen (il a vécu douze ans à Paris), le lendemain de la conférence de presse. Chaque repas, chaque conversation, chaque concert que, enfant, je regardais du bord de la scène, m'ont fait comprendre son œuvre. "
    Arrivé au cours de l'enregistrement que Cohen senior avait débuté avec le réalisateur et compositeur Patrick Leonard, déjà responsable de ses deux précédents albums – Old Ideas (2012), Popular Problems (2014) –, Junior se reconnaît un avantage. " Mon privilège est de connaître par cœur tout ce que mon père déteste. " (" Et la liste est longue ", plaisantait Leonard en conférence de presse).
    Autre avantage, avoir assez d'influence pour évacuer aussi une partie de ce que le papa avait tendance à un peu trop aimer. Comme le recours aux sons de synthétiseur bas de gamme ou l'appel aux chœurs féminins en contrepoint trop systématique de sa voix grave. " Cela fait vingt ans que je lui propose de retrouver le dépouillement acoustique de ses débuts ", reconnaît Adam.
    Ecoutant enfin son fils, le poète profite d'une sobriété instrumentale dont l'élégance, baignant tour à tour dans le blues, la country, le folk, les slows des années 1950, les références juives de l'Est ou méditerranéennes, s'accorde parfaitement à l'intensité du propos. Au point de faire dire à Adam Cohen que l'enregistrement était porté par " quelque chose d'astral, un vent assez mystérieux ".

    À suivre (commentaire suivant)

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  5. Le Monde (suite et fin)

    Références bibliques
    Au-delà de la portée symbolique de cette collaboration, le fiston reconnaît que la santé déclinante de son père exigeait cette complicité familiale, pour travailler dans sa petite maison du quartier de Mid-Wilshire, à Los Angeles, au rez-de-chaussée de laquelle habite aussi sa fille, Lorca, et ses petits-enfants.
    " Il fallait qu'il se sente en grande intimité car il était aussi en grande souffrance, précise Adam. Avec moi, il pouvait chanter en peignoir, sans sortir de son appartement. En n'ayant pas à  se  soucier des apparences, il a pu se concentrer sur le geste artistique et sur son chant. " De fait, cette voix crépusculaire a rarement été autant dans l'urgence et l'émotion.
    La vie de Leonard Cohen a été balisée d'autant de doutes que de quêtes spirituelles, passant aussi bien par l'étude de la kabbale que des textes bouddhistes, par la consommation de LSD que la (récente) fréquentation de maîtres hindouistes. Les innombrables références bibliques de You Want It Darker trahissent-elles une religiosité accentuée par l'approche de la fin ?
    " Je ne me suis jamais considéré comme quelqu'un de religieux, rappelait Leonard face aux journalistes. A de rares occasions, j'ai pu sentir la grâce d'une autre présence, mais je ne peux construire aucune structure spirituelle à partir de ça. "
    Son vocabulaire biblique reste un héritage culturel et générationnel, explique-t-il. " Il fut un temps où ces références étaient universelles, comprises par tous (…). Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais elles font encore partie de mon paysage. "
    " Sa vraie religion, c'est d'abord son travail ", insiste son fils Adam. Le fragile octogénaire observe encore une discipline de moine. Levé avant l'aube, il se consacre chaque jour au polissage de textes inédits. Dans la résidence du Canada, son complice Patrick Leonard nous confiait avoir récemment reçu par mail un nouveau texte à mettre en musique. " Je lui ai renvoyé une première proposition, dit en souriant le compositeur. Il m'a écrit un petit mot me disant que c'était trop beau pour mettre des mots dessus. Sa façon à lui de me dire : “Recommence”. "
    Adam Cohen n'ose espérer une suite à You Want It Darker. Quoi qu'il arrive, il sait que son père " laissera un vide immense quand il ne sera plus parmi nous ". La veille, Leonard avait encore conclu par une boutade. " J'espère que nous nous reverrons. J'ai l'intention de rester dans les parages jusqu'à 120 ans. "
    Stéphane Davet
    © Le Monde

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    1. Merci cher Bruno pour ce bel article du Monde. Je me suis empressée de le copier-coller pour l'envoyer à mon fils.
      Merci aussi pour ton autre attention, délicate et amicale...

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  8. Magnifique. C'est dans ces moments-là que je regrette de ne pas parler anglais couramment (Bien sûr il a eu Graeme Allwright et Hugues Aufray, mais ce n'est pas pareil...)

    Merci pour l'info et bonne journée.

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  9. Je viens d'apprendre son décès. Une question : a-t-on été assez contemporain ?

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  10. Ici un lien vers un concert à l'époque où Leonard Cohen était juste accompagné de sa guitare (ou presque). Quitte à choquer, la mort de Leonard Cohen me touche beaucoup plus que la victoire de Trump.

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  11. Voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=PkU72NJBtr4

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