Méditations personnelles
Lundi 8 août 2016
Questionnement sur une comparaison
Peut-on comparer le courant pacifiste à tout prix des années 30 avec l’injonction au vivre-ensemble qui fleurit
dans la bouche des politiciens et nombre de médias aujourd’hui, suite
à la succession d’attentats terroristes islamistes en France, Belgique et
Allemagne ?[1]
Celle
qui l’affirme s’appuie sur une citation de Raymond Aron qui interroge le
pacifisme au lendemain des élections législatives allemandes de juillet 1932, qui voient le parti nazi devenir le premier
parti du pays, en ces termes : "Une
conception de ce type { qui affirme que les responsabilités entre états
belligérants sont toujours partagées } suppose
que les États aux prises soient de même type, que leurs responsabilités dans
l'explosion soient sinon égales, du
moins comparables, enfin elle suppose que les conflits ne soient jamais
inévitables et n'aient jamais un enjeu historique qui enjoigne à l'homme de
pensée une prise de position nette pour un des camps. »
On ne peut que donner raison à l’historien
Aron car si le pacifisme franco-allemand au lendemain du Traité de Versailles se
justifiait entièrement (et pour une part ce courant influencera la construction
européenne après les horreurs phénoménales de la Seconde Guerre Mondiale), il s’aveugle
devant la menace que représente le parti nazi qui emporte les élections en 1932
et qui positionne de façon incontournable Adolf Hitler comme futur chancelier.
Il est évident que ce pacifisme à tout
prix mais aussi les traumas récents de la Première Guerre Mondiale ont
conduit les représentants britannique (Chamberlain) et français (Daladier) aux
accords catastrophiques de Munich (1938).
Mais
cette réflexion de l’historien Aron sur le courant pacifiste des années 30 qui
voient gagner le nationalisme nazi, peut-elle s’appliquer sans réserve à l’injonction
actuelle de nombreux politiques et médias français, belges ou allemands à ne
pas succomber aux amalgames entre musulmans et islamistes et qui enjoignent au
bien vivre ensemble ?
Voilà ce qui me pose question, vraiment
question. Et d’abord, par le biais de la réflexion de Raymond Aron, de mettre ainsi
en parallèles Munich 1938 et la résistance de personnalités politiques et
journalistiques à la logique infernale que nous impose Daesh et tous les
mouvements islamistes fascistes mondiaux sur nos propres territoires européens.
Car s’il peut être effectivement utile de
méditer la réflexion d’Aron pour notre aujourd’hui, c’est vis-à-vis des responsables
de l’islamo-fascisme qu’elle doit s’appliquer. Or nous sommes, ce me semble,
entrés militairement en guerre effective contre lui au Moyen Orient, et
policièrement dans nos pays.
J’ai ressenti un très désagréable sentiment en
lisant cette note, et il ne s’est qu’amplifié en lisant ses commentaires
élogieux. Je rejette par avance toute construction interprétative qui s’imaginerait
que de façon a priori je chercherais à m’opposer par principe au duo qui tient
ce blog et avec les publications duquel je me suis auparavant déjà effectivement
opposée avant d’être devenue persona non grata, car je partage avec ses auteurs,
la nécessité toujours actuelle du combat contre l’antisémitisme, et qui, j’insiste, trouve
un nouveau souffle en Europe avec la judéophobie arabe et l’extrême-gauche antisioniste.
Sentiment de grand malaise car mettre sur le même
pied Munich
1938 et la volonté d’hommes et de femmes de résister en prônant le
vivre ensemble, c’est implicitement considérer que nous devrions entrer en
guerre civile. Ce qu’espère le pseudo état islamique et qu’il applaudirait à coups de salves
guerrières de kalachnikovs au Moyen Orient.
Nous sommes tous surpris par la rapidité et
les modes par lesquels des pseudos musulmans de chez nous, jeunes pour la
plupart, se radicalisent et basculent dans la plus inouïe des violences. Et la
sans doute inévitable médiatisation des actes terroristes commis en entraîne d’autres,
par effet de mode et de mimétisme. A Nice, à Charleroi hier, on apprend que les assassins se sont « islamisés »
à la vitesse V’, sans doute d’abord par internet. Comment combattre un tel
phénomène totalement inédit ? C’est extrêmement compliqué. Il faut en tout
cas octroyer aux services de sécurité de nos pays tous les moyens
indispensables afin qu’ils puissent mener la chasse à ce nouveau terrorisme
islamo-fasciste.
Il faut développer la surveillance de
certaines mosquées, et urgemment les fonds investis par certains états comme l’Arabie
Saoudite ou le Qatar sur ce terrain. Il faudrait donc surtout et avant tout que
nos pays aient une position claire et courageuse vis-à-vis de pays pétroliers
du Golfe et rompent tout commerce avec eux tant que leur position vis-à-vis de
l’islamo-fascisme reste ambiguë. Pareil à l’égard du quasi sultan Erdogan en
Turquie. L’argent n’a pas d’odeur ? Que oui ! Et bel et bien celui du
sang quand il se compromet avec une idéologie mondiale fascisante. Mais quel
gouvernement démocratique se battant en vain contre le taux de chômage
inéluctable en son pays s’honore-t-il d’un tel courage politique ? Je crois, aucun. Et s’il y a à user encore de la
formule fétiche et usée de Munich 1938, ce serait d’abord contre
nos états qui, au nom de l’ultra libéralisme, pactisent encore et toujours avec
des états voyous.
Il faut enfin sortir de notre sorte de
paresse vis-à-vis de la religion de l’islam et qui nous maintient dans une
indifférenciation de ses courants. On traiterait n’importe quel écrivant de
chez nous d’analphabète s’il confondait dans le christianisme, et surtout en
référence au long temps des guerres dites de religion, le culte catholique,
orthodoxe, protestant, et dans celui-ci, les obédiences luthérienne, calviniste
ou anglicane.
Et c’est en effet regrettable que la maire de
la ville de Denain, Anne-Lise Dufour-Tonini, défile dans la rue, main dans la main,
avec un Hassan Iquioussen, membre de la
confrérie des Frères Musulmans et qui tient pour sa communauté des propos
inacceptables en démocratie. Il nous faut des connaissances beaucoup plus pointues
pour différencier les idéologies islamistes totalitaires de la simple croyance
de la grande majorité de nos concitoyens musulmans.
C’est certain aussi que nous devons lutter
pour le maintien d’un état neutre et laïc, demeurer vigilants afin que tous ses
agents en fonction le garantissent tel quel et cela sans la moindre
compromission. C’est certain sans doute aussi que dans les années à venir, la
chose publique devrait à nouveau devenir comme il se devrait incessamment en
démocratie, l’affaire de tous ses citoyens.
J’en termine avec ma méditation du jour. Les
temps sont d’une infinie complexité et d’une nouveauté tragique radicalement
inédite. Du passé en effet nous devons tirer les leçons, autant celui d’un
pacifisme aveuglé dans les lugubres années 30 qui nous aura par exemple entraînés
aux désastreux accords de Munich et qui doivent nous garder vigilants vis-à-vis
de la paix à tout prix, que celui du populisme, du nationalisme xénophobe et de
la monstration d’un unique bouc émissaire proposé à la vindicte d’un peuple en souffrance.
P.S.
Mon texte n’est qu’un essai de réflexion. Je ne pense aucunement que je puisse
avoir raison dans tout ce que j’avance. Je tente seulement de réfléchir au
mieux, seulement avec les moyens qui sont les miens dans une époque extrêmement,
profondément troublée, et qui ne peut se satisfaire de comparaisons avec
notre passé (européen).
Bonjour Plumeplume. Tu as fort bien exprimé le fait que l'équivalent aujourd'hui de Munich-38 serait de capituler face à EI et consorts (Boko Haram, Al Quaida, etc.). Ceux qui font l'assimilation globale de l'islam (voire de toute religion) avec le nazisme commettent au mieux une faute de discernement, et plus probablement une récupération idéologique. Le parallèle pertinent est effectivement entre djihadisme et nazisme.
RépondreSupprimerPar ailleurs, le pacifisme d'après la grande boucherie qu'avait été la première guerre mondiale était dictée par la crainte que toute guerre n'entraine de pires massacres. Crainte totalement fondée, si ce n'est que parfois il faut prendre les devants (comme ce que fut par exemple de l'intervention française au Mali, qui était sur le point d'être entièrement submergé par les milices djihadistes).
La volonté de cohésion nationale par delà des diversités, formulée par l'expression "vivre ensemble", est d'une toute autre nature que la "crainte" pacifiste, c'est une approche "préventive", comme l'eut été dans les années 20 une sorte d'Union Européenne préventivement à la montée des revanchards.
La laïcité est détournée par une convergence d'une nouvelle droite et d'une ancienne gauche, qui confondent la séparation du pouvoir et des religions, avec la visibilité des religions dans la société. Si nous transposons au gauchiste terroriste de l'époque des brigades rouges et de la bande à Baader, personne à l'époque n'avait fait campagne pour interdire sur la voie publique les tee shirts à l'effigie de Marx, Mao ou Che Guevara. Mais évidemment nul ne peut prétendre imposer ses propres codes issus d'autres civilisations à l'ensemble de notre société, des violences ou intimidations en ce sens sont inacceptables -cela non tant au titre de la laïcité, qu'à celui de la liberté-.
Là ou je peux comprendre les alarmes des partisans de la laïcité (et j'en fais partie sur ce point), c'est lorsque certains responsables politiques évoquent un concordat pour instaurer une forme d'islam étatisé. L'état ne définit ni le dogme ni le culte, ne forme pas les clercs ni ne les rétribue. Créer une instance "publique" relative à une religion est incompatible avec la laïcité, cette religion possède une instance représentative, si son statut et ses attributions sont à renforcer, il est possible de l'y inciter, sans faire de l'administration directe. Mais l'état peut édicter des obligations, voir des engagements écrits de conformité avec les valeurs, droits et devoirs constitutionnels, les choses ainsi seraient claires et officialisées. L'objectif est d'avoir une "autorité" religieuse pour contrecarrer l'endoctrinement déviant.
C'est bien sûr moi et non Allegra qui introduis "Munich 38" dans ma réflexion comme conséquence exemplaire du "pacifisme à tout prix" des années 30 et que Raymond Aron critique au lendemain des élections législatives allemandes de 1932. (C'est en effet un de ses plus fidèles lecteurs qui ressort à fréquence régulière l'allusion à Munich sur ce blog, et il n'a jamais été contesté pour cela.)
RépondreSupprimerToutefois, la réflexion de l'historien en 1932 conduit logiquement à sa conséquence la plus exemplaire, approuvée par 57% de la population française : les Accords de Munich. Et je ne peux pas croire que l'auteur de cette note n'y pensait pas elle-même.
Il n'empêche que c'est Allegra qui établit une comparaison explicite entre ce pacifisme-là et "l'injonction au vivre-ensemble qui fleurit dans la bouche des politiciens et nombre de médias". Et c'est cette comparaison scabreuse que je conteste dans ma propre note. Pour cela, j'ai durci le trait en introduisant "Munich 38".
Dans une comparaison, il faut absolument que "a" en rapport à "b" soit similaire à "x" vis-à-vis de "y". Or dans la comparaison avancée entre le pacifisme à tout prix lors de la montée au pouvoir du nazisme et "l'injonction au vivre ensemble" d'hommes politiques actuels (de gauche) avec les citoyens de confession musulmane, ne tient pas. Et il faudrait, par rigueur intellectuelle d'abord, mettre en parallèle d'opposition un "-a" avec un "+y".
En termes plus claires, aujourd'hui, nos états ne font pas comme le courant du pacifisme à tout prix des années 30, mais ont déclaré la guerre à Daesh, Boko Haram ou Al Quaida. En politique intérieure, nos services de renseignement, de sécurité et policier sont en alerte maximale pour traquer les terroristes dans nos pays.
Et comme l'écrit Nolats, l'injonction actuelle et répétée au vivre ensemble dans le chef d'hommes, de femmes politiques et de journalistes, pourrait précisément rappeler celle de ceux qui dès les années 20 mettaient en garde contre les actes de vengeance suite à la pure boucherie de 14-18, l'iniquité du Traité de Versailles et la recherche d'un tiers, bouc émissaire, dans l'énorme marasme économique généralisé suite au krach boursier mondial de 1929.
Autre chose eût été qu'Allegra consacre sa note à alerter l'opinion contre cette manifestation où une femme politique s'affiche main dans la main avec un représentant musulman nullement recommandable pour un authentique vivre ensemble. Ce pourquoi dans ma réflexion, j'insiste sur la nécessité d'une meilleure connaissance lucide des courants de l'islam chez nous.
Les comparaisons disent toujours quelque chose d'inconscient et de non-dit.
Mes remarques portaient sur les points abordés dans le présent article, sans entrer dans des mises en causes personnelles. DE MANIERE GENERALE il y a un confusionnisme qui consiste à ramener à Munich/Daladier/Pacifisme/Pétain/Laval la question des relations entre notre société et les musulmans. Mais relever ce confusionnisme met sans doute mal à l'aise ceux qui le pratiquent?
SupprimerBonjour Nolats,
SupprimerJe t'avais fait une assez longue réponse hier mais, suite à une mauvaise manip, je l'ai perdue. Tant pis.
Elle visait ton dernier paragraphe à propos d'un concordat en France pour établir un islam étatisé. Tu sais, j'imagine, qu'en Belgique, l'état rémunère les ministres des différents cultes ainsi que les agents de la "laïcité organisée". Tout n'est pas plus simple pour autant.
Je t'invite à deux lectures à ce sujet : 1) http://revue-democratie.be/index.php/social/28-questions-de-societe/1146-quel-financement-public-des-cultes-en-belgique ; 2) http://www.lalibre.be/debats/opinions/10-propositions-radicales-pour-faire-emerger-l-islam-de-belgique-5545f14d35704bb01c1a75c3
Voilà bien une question importante et urgente : Trouver des voies effectives pour faire émerger un islam qui respecte les principes essentiels de nos démocraties européennes, et les moyens légaux pour mieux combattre toute influence islamiste contraire et ennemie de ceux-ci.
Merci pour tes réflexions.